LA DEFINITION DE L’INCONTINENCE : Est incontinente toute personne qui d’une manière ou d’une autre, pour une raison ou pour une autre, n’assure plus ses éliminations selon les normes prévues par la société.
Il y a en effet quatre situations très distinctes :
- Il y a tout d’abord le sujet qui n’a plus les moyens physiques de retenir ses urines ou ses selles jusqu’aux W.C : c’est l’incontinence organique.
- Mais il y a aussi celui qui ne sait plus le faire ; c’est le cas du dément ; il y a le dément qui ne comprend plus les messages de son corps, il y a le dément qui ne sait plus qu’on ne fait pas ses besoins n’importe où, il y a enfin le dément qui aime jouer avec ses selles.
- Il y a celui qui serait continent mais qui a des troubles de la marche (mobilité réduite) et qui ne peut plus aller aux toilettes.
- Il y a enfin celui qui ne veut plus le faire, parce qu’il n’a plus envie de faire des efforts.
LES CONSÉQUENCES DE L’INCONTINENCE : L’incontinence n’est pas seulement la perte d’une fonction ; c’est une infirmité qui entraîne la mise en danger d’autres fonctions.
- Mettre des couches entraîne un contact prolongé de l’urine ou des selles avec la peau. Cette humidité excessive de la peau entraîne des phénomènes de macération qui la fragilise, aboutissant souvent à une mycose et parfois à des lésions plus graves comme les escarres ; notons cependant que les escarres ne se forment que lorsque coexistent plusieurs facteurs, et que l’incontinence n’y suffit pas : il faut d’abord une dénutrition, ensuite une grabatisation, et l’incontinence, si fréquente chez le grabataire dénutri, ne fait qu’aggraver les choses. Au total l’incontinence fragilise la peau mais ce n’est pas le problème. Par contre il est évident que lorsque le malade a une escarre il faut être très vigilant sur l’incontinence : la macération rend la cicatrisation de l’escarre beaucoup plus problématique.
- L’incontinence est une situation à risque d’infection urinaire. C’est le cas parce que l’incontinence est souvent liée à un trouble urinaire qui est lui-même à risque d’infection, mais c’est aussi le cas parce que le contact des urines et des selles avec les organes génitaux externes favorise la colonisation bactérienne des voies urinaires. Ceci rend indispensable de bien gérer les changes : il faut tout faire pour éviter la survenue de l’incontinence, une fois qu’elle est là il faut essayer de la diminuer, mais il faut de toute manière que le sujet soit au sec : si l’incontinence est inévitable il faut que le malade soit changé souvent.
- L’incontinence est une source de gêne : la couche entrave la marche, elle ne tient pas forcément très bien, elle pèse, elle est humide, froide, parfois malodorante. Même si les changes ont fait des progrès techniques très importants, ils restent très inconfortables.
- Enfin et surtout l’incontinence est une source de souffrance psychologique. Être incontinent constitue une humiliation, une mise à l’écart de la société, d’autant que la gestion des changes ne peut être discrète : cela se voit, cela se sent, lorsqu’une personne devient incontinente c’est en général qu’elle n’est pas capable de se changer elle-même, et cela nécessite donc l’intervention, là aussi humiliante et indiscrète, d’un étranger.
Mais si l’entrée en incontinence constitue le moment d’une humiliation, elle est souvent aussi la marque d’un abandon. Très souvent le malade incontinent pourrait, au prix d’un effort supplémentaire, conserver sa continence. Devenir incontinent c’est accepter de l’être, c’est abandonner la lutte, c’est décider qu’on perd le contrôle de sa vie, que sa dignité n’a plus d’importance.